LE BOIS QUI CHANTE

SIOTANTKA

 

COMMENT LES AMERICAINS, APRES AVOIR CONSCIENCIEUSEMENT MASSACRE LES INDIENS, EN VIENNENT A VENERER LEURS FLUTES... LES "PEAUX-ROUGES" PRENNENT LEUR REVANCHE AVEC LE "NEW AGE" !

 

BRIAN AKIPA (SANTEE)

LA LEGENDE DU BOIS QUI CHANTE :

D'APRES UNE TRES ANCIENNE LEGENDE SIOUX, le Pic-Vert serait l'inventeur de la flûte.La légende raconte qu'un jeune homme, qui chassait pour nourrir sa famille, pistait un élan fort rusé.L'animal l'entraina au plus profond de la forêt.

Le jeune homme perdit son chemin et chercha un endroit où dormir. Il entendit alors un son étrange et mélancolique, un son inconnu. C'était magnifique et très triste.

Le lendemain matin au réveil, le jeune homme entendit un Pic-vert. Ce dernier faisais des trous sur un tronc d'arbre, du bout du bec, qu'il a fort pointu, c'est bien connu. L'oiseau fit un signe au jeune homme et s'envola vers un autre arbre. Le jeune homme le suivit jusqu'à une forêt de cèdres rouges.

Le Pivert se posa sur une longue branche et y creusa des trous. Le soir venu, quand le vent se mit à souffler, le son mélancolique entendu la veille s'éleva à nouveau et se répandit à travers la plaine. Le Pivert s'envola. Le jeune homme prit la branche d'arbre et l'emporta jusqu'à son village. Il n'avait pas trouvé de nourriture mais rapportait sa découverte à son peuple.

Il souffla dedans, la secoua, essaya de reproduire le son entendu dans la forêt... en vain. Alors il demanda l'aide du "medecine man", le sage du village. Celui-ci lui dit d'aller sur la colline surplombant le village.

Le jeune homme grimpa sur la colline, s'assit et se mit à prier. Le troisième jour, il eut une vision.

Les esprits le visitèrent, il vit le Pivert transformé en homme qui lui montra comment s'y prendre, comment casser la branche de l'arbre, faire les trous et tailler la "siotantka". Le jeune homme sut donc enfin fabriquer la flûte. En Sioux, "siotantka" signifie "le bois qui chante".

 

Le phénomène "new age" est une aubaine pour les indiens - native peoples ou the native americans - comme on dit aujourd'hui chez Bill Gates. Après s'être passionnés pour le massacre des "peau rouges", les américains blancs d'aujourd'hui s'enflamment pour les musiques indiennes, tout particulièrement la flûte, et notemment en Arizona, nouveau haut-lieu du new age. Et les petits labels, qui vivotaient tant bien que mal en éditant des artistes indiens, voient leur chiffre d'affaire s'envoler comme un faucon.

Les maisons de disques, toujours à l'affût d'un nouveau segment de marché, on vite senti le vent se lever. Au point que certains flûtistes indiens, tel Carlos Nakai, sont aujourd'hui de veritables stars du "nouvel âge". Et les bacs des disquaires de se remplir, pêle-mêle, de vieilles anthologies de chants traditionels réédités en CD et de bricolages marketing faisandés (boîtes à rythme, nappes de synté bon marché et samples ethniques frelatés).

A COUPER LE SOUFFLE...

En dehors de quelques excellents recueils traditionnels, notamment "honor the earth powwow", "songs of the great lakes indians (Ryko/Harmonia Mundi), un tantinet répétitif mais qui glace le sang, je ne saurais trop vous recommander le CD du sioux Douglas Spotted Eagle, "Sacred feelings" (SPALAX/SOCADISC). Une flûte touchée par la grâce des grands espaces, le souvenir de rêves séculaires, du temps où le monde était vaste et beau, peuplé d'esprits et d'animaux. Un enregistrement à couper le souffle, malheureusement quaisiment introuvable aujourd'hui. Si l'occasion se présente, ne passez pas à coté. Mais attention ! l'oeuvre de Spotted Eagle est très inégale.

Ses dernières productions versent sans vergogne dans la "new age" la plus vénale. "Sacred feelings", son meilleur opus qui serpente sur ce délicat sentier entre musique ethnique et new age, date de 1992.

SPALAX, minuscule label francais ultra spécialisé dans la musique des indiens d'amérique du nord, publie par ailleurs un superbe coffret de 3 CD's "Wakan Tanka" (distribué par SOCADISC) qui propose un généreux tour d'horizon : flûtes magiques, tambours lancinants, chants et contes (les Indiens sont des conteurs hors pair) des tribus Cheyenne, Chipewwa, Lakota et autres tribus sioux.

On ne peux que regretter le minimalisme résolu des notes de pochettes. En revanche, le coffret comprend un Dreamcatcher, petit objet de cuir, de plumes et de perles que les indiens suspendent au-dessus de l'endroit où ils dorment pour se protéger des mauvais rêves...

 

   

 
   

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